"On a pas voulu faire quelque chose de beau..."

Critique

"- Alors vous avez raté votre coup car IKOTO est un spectacle magnifique"
Retour sur des instants magiques : deux sensei, après des années de recherche et de pratique autour du monde, atteignent une simplicité énigmatique, puissante et évocatrice.

Des choses simples, banales, si quotidiennes que nos yeux ne les considèrent même plus... Mais si l'on y pense, s'il l'on essaie, si l'on travaille et que l'on a du talent, alors adviennent la beauté et le questionnement.
Des centaines de grandes bouteilles en plastique, vidées et usées : pourquoi ?
Deux corps d’une grande beauté plastique, emplis d'énergie et utilisés : pourquoi ?

Le public se tient coi. C'est une femme qui parle, on ne comprend pas, ce doit être une langue asiatique mais laquelle ? Puis on se rend compte que c'est du français. Il s'agit du témoignage d'une réfugiée qui a gardé un fort accent, entre autres...

Pas de musique. Des sons, des vibrations, des voix du Laos, des voix du Japon... et la richesse de crissements, de claquements, de tintements et de murmures que des bouteilles en plastique peuvent exprimer.

Iko vient de cet archipel lointain où des destins furent emportés par un séisme suivi d'un tsunami, il y a trois ans.
Thô est originaire de ce pays sans accès à la mer, où un régime de parti unique a provoqué l'exil de plus de 10% de la population.

Le premier parle Butô.
Le second parle Breakdance.
Les deux existent à cet endroit...

"Au fait, nous dit Thô incidemment à la fin, il s'agit là d'un extrait du spectacle."C'était l'ouverture du festival Densité qui avait lieu jusqu'au 1er mars 2014.On a aperçu la deuxième œuvre d'un jeune chorégraphe qui est déjà d'une grande maturité. Impossible de savoir combien de temps cette présentation a duré. Alors on ferme les yeux et on fait un vœu : que l'Espace Malraux parvienne à présenter l'intégralité de IKOTO – PLACE TO BE sur la plus grande scène de Savoie avec tout le plan feux et le fin mot de cette épopée...

Chorégraphie & interprétation : Thô Anothaï / Ikko Suzuki

Retour bon gratin